Recrutement au Maroc : Réussir sa période d’essai

Neutralité, objectivité, professionnalisme et maturité comportementale sont des conseils en or

La période d’essai est une phase normale et légale après la signature d’un contrat de travail, sauf qu’elle reste à gérer très délicatement. Pendant cette période, la séparation de part ou d’autre reste très souple et facile. Naturellement, le code du travail prévoit cette flexibilité afin de compléter le processus d’évaluation bilatérale entre l’entreprise et le salarié.

En effet, la période d’essai offre non seulement à l’entreprise la possibilité de se séparer facilement du salarié si son évaluation pendant cette période de test s’avère non concluante, mais aussi au salarié l’opportunité de jauger l’adéquation entre l’environnement de l’entreprise et la définition de son poste et ses missions d’une part et ses aspirations d’autre part. C’est un processus d’évaluation mutuelle en mode d’extension par rapport aux entretiens préalablement tenus. Lors de la phase des entretiens, il est parfois difficile de cerner le profil du candidat ou de l’entreprise.

Il est donc essentiel de s’offrir une période d’observation prolongée dans le temps lors de laquelle la relation peut être rompue en respectant les dispositions y afférentes au niveau du code du travail.

Favoriser l’insertion du salarié

Pour sa part, et afin de favoriser l’insertion du salarié et augmenter la chance de sa réussite, l’entreprise devrait lui préparer idéalement les outils de travail, l’accueillir convenablement, et lui préparer un plan d’intégration à réaliser et suivre minutieusement. Certaines entreprises affectent un parrain aux nouvelles recrues. D’autres préparent un plan d’intégration et accordent une grande importance à la première impression que les nouvelles recrues vont se faire de leur entreprise. En effet, l’image que se fait le salarié nouvellement embauché est marquante. Dans le cadre de l’intégration, certaines entreprises offrent des formations d’information, organisent des rencontres avec les interlocuteurs internes et externes, offrent des présents symboliques, préparent des activités d’icebreaking, etc. Le but est de mettre à l’aise les recrues et de tisser des liens positifs dès le départ.

Prendre des risques mesurés

De son côté, le salarié doit éviter de commettre des impairs lors de cette période d’essai. Il est fortement recommandé d’observer attentivement l’environnement, le dit et le non-dit, la culture et les valeurs internes, etc. Ceci peut vous aider à être mieux armé pour affronter les défis de cette étape. Pendant cette période d’essai, votre nom est écrit au crayon et non au stylo, et est encore loin d’être gravé sur du marbre. La moindre erreur peut vous coûter très cher.

La prise de risque mesurée lors de votre période d’essai n’est pas le seul conseil à donner dans ce cadre. Il faut savoir que les nouvelles recrues sont, parfois, très visibles. Cette visibilité fait que leurs erreurs sont, en général, rapidement comptabilisées. Parfois aussi, le degré zéro de tolérance pendant la période d’essai est tellement pesant qu’il risque de vous pousser vers des faux pas. En être conscient ne veut pas dire en devenir esclave non plus.

Souvent, en période d’essai, le volet comportemental compte énormément. La technicité n’est pas, à mon humble avis, aussi impactante que le savoir-être. Votre ponctualité, votre sérieux, votre professionnalisme et votre implication sont tous des éléments déterminants au niveau de la décision finale concernant votre titularisation.

Faire preuve d’intelligence émotionnelle

Gérer la résistance liée à votre venue et les susceptibilités y afférentes représente un autre challenge. Plusieurs questions peuvent s’embouteiller dans certaines têtes : d’où vient-il ? Comment a-t-il fait pour atterrir ici ? Qui l’a amené ? Vient-il pour remplacer quelqu’un ? Ce n’est qu’un simple échantillon de certaines questions qui se posent dans les couloirs parfois et qui risquent d’alourdir la facture sociale pour la nouvelle recrue. Il existe dans certains cas non seulement des enjeux techniques et comportementaux, mais aussi d’ordre politique. Faire preuve d’intelligence émotionnelle est un must parfois.

Dans la même veine, il y a lieu de noter que, parfois, réussir sa période d’essai est presque synonyme de se faire accepter par les anciens et l’équipe existante. Pour cela, il faudra les rassurer et tisser des liens relationnels propres et positifs. Il faudra surtout ne pas céder à des provocations ni tomber dans des conflits individuels ou collectifs. Neutralité, objectivité, professionnalisme et maturité comportementale sont des mots en or qui prennent la forme de conseils aux nouvelles recrues. Ceci dit, il ne faut pas croire qu’une fois titularisé, le reste est à négliger. L’évaluation s’étale dans le temps même au-delà de votre période d’essai.

Pour conclure, la période d’essai est une opportunité afin de s’assurer que l’image faite en «snapshot» lors de l’entretien reflète la réalité des deux visages : celui de l’entreprise et celui du candidat. C’est une période qui peut se solder par une confirmation, un prolongement ou un arrêt. Dans tous les cas de figure, un apprentissage doit en sortir.

Mohamed Benouarrek, président d’honneur de Mundia Care

Par LE MATIN

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